Art Spirite

Au Mexique, une fête très spéciale, appelée ''El dia de los muertos'' connue comme la fête des morts se déroule généralement du 31 octobre au 2 novembre. Il s'agit d'une commémoration colorée et festive durant laquelle les Mexicains conçoivent un autel chez eux, pour honorer le souvenir du défunt, qu'ils couvrent d'offrandes telles que des objets, de la nourriture ou des fleurs et se rendent au cimetière dans une joyeuse procession. Cette tradition folklorique a nourri l'Art Mexicain notamment avec le ''Skull Art'' qui utilise le crâne comme symbole de résurrection. Et aussi avec la figure ''Catrina'' représentée de manière bourgeoise pour signifier que la mort ne fait pas de différences entre les classes sociales.

En Europe, on oublie que le rapport aux esprits a aussi inspiré l'Art. Le courant artistique du Surréalisme peut se réclamer de l'influence des Spirites du 19ème siècle qui entretenaient des communications étroites avec le monde de l'au delà.

Victor Hugo sur le Grève d'Azette - © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

En 1853, Victor Hugo alors en exil sur l'île de Jersey, s'adonnait au Spiritisme, pour entrer en contact avec sa fille Léopoldine disparue dans des circonstances tragiques. Cette pratique nouvelle et très en vogue à l'époque consistait à faire tourner les tables, poser des questions aux esprits et attendre une réponse pour entrer en lien avec eux, le tout consigné ou dessiné.

En 1857, Allan Kardec a théorisé cette discipline basée sur ''les relations entre le monde matériel et les esprits, ou êtres du monde invisible'' et il différenciait le somnambule du médium : ''le somnambule exprime sa propre pensée et le médium celle d'un autre'' celle de l'esprit invoqué.

Dans la deuxème partie du 19ème siècle, ces expérimentations vont susciter,dans plusieurs disciplines, un intérêt grandissant pour la partie cachée de l'esprit, guidée par quelque chose de mystérieux, qui ne répond pas à la volonté.

Une leçon clinique à la Salpêtrière, André Brouillet, 1887

Il y a d'une part la Métapsychique, fondée en 1905 par le physiologiste Charles Richet et attachée à l'étude scientifique des phénomènes paranormaux qui investiguait les pouvoirs inexplorés de l'esprit. Et d'autre part, un courant de la médecine, incarné par le neurologue Jean-Martin Charcot à la Salpêtrière, qui s'intéressait au caractère inconscient de l'expression du corps à travers l'étude des crises convulsives. Celui-ci utilisait alors le mécanisme d'hypnose ou d'état de conscience modifiée comme méthode scientifique et étudiait le fonctionnement de la psyché d'un point de vue organiste.

Qu'il s'agisse du médium ou de l'hystérique, les deux figures apparaissaient alors comme des automates dépourvus de libre arbitre.

Pierre Janet médecin psychologue, a approfondi ces thèses en énoncant en 1889, le concept ''d'automatisme psychologique''. Il a montré que la personne hypnotisée gardait une certaine forme de conscience et d'intelligence. Seulement Pierre Janet pour rester dans le sillon du consensus médical a pathologisé ces états psychologiques et s'est éloigné du monde merveilleux cher aux surréalistes.

Ainsi André Breton théoricien du mouvement surréaliste va d'abord digérer le développement successif de cette approche de l'automatisme inconscient.

Lui et son groupe dada cherchent à trouver un nouveau souffle pour exprimer leur rejet de l'absurdité de la première guerre et de l'ère de la Raison en édictant un mode de vie différent.

Mort de Max Morise, (peinture médiumnique), Robert Desnos, 1922-1923

En 1922, il va s'inspirer des "tables parlantes" de Victor Hugo, grâce à son ami René Crevel qui les a expérimentées en vacances. Avec ses acolytes, ils vont organiser des jeux collectifs librement inspirés de ces séances pour explorer les rêves. Ils produiront des écrits qui influenceront le texte précept du mouvement ''Les champs magnétiques''. Cette période dite ''des sommeils'' inspirera le Premier manifeste du surréalisme en 1924 avec ''l'automatisme psychique pur'' comme principe fondamental.

Breton souhaitait s'écarter du champs de la spiritualité des médiums et de la psychologie pathologique de Janet, pour se rapprocher davantage du courant Freudien, mais tout en accordant plus de place à l'irrationnel et au merveilleux.

Il a bien sûr été influencé par les Spirites et l'a reconnu plus tardivement, dans un texte accordant aux médiums leur juste place dans le champ artistique, dans l'article de 1933 intitulé ''Le message automatique'' de la revue Minotaure, accompagné du dessin de Victor Hugo ''Aube''.

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Entrée des médiums, Spiritisme et Art d'Hugo à Breton. Collectif auteurs. Maison de Victor Hugo, Paris Musées, 2012