Miró en Réalité Virtuelle

''Bleu II'', 4 mars 1961, Joan Miró, Centre Pompidou, Musée National d'art moderne

Le confinement ne nous empêchera pas d'honorer la culture!

Ce slogan aurait pu sortir de l'esprit résistant des dadaïstes mais non, nous sommes le 21 novembre 2020, à nouveau confinés depuis trois semaines, et c'est notre volonté de résilience et d'appétit pour l'Art qui nous dicte ce besoin !

Les nouvelles technologies permettent aujourd'hui aux musées de rendre la culture accessible au plus grand nombre. C'est pourquoi on applaudit l'initiative du centre Pompidou de s'associer à l'agence WAOLab spécialisée en numérisation 3D, de rendre possible la visite en réalité virtuelle de l’œuvre emblématique de Joan Miró. Tout cela gratuitement et accessible sur nos portables et ordinateurs.

Ces trois peintures ''Bleu I'', ''Bleu II'' et ''Bleu III'' sujets de l'exposition virtuelle, parachèvent une vie de soixante-dix ans de création et permettent à Joan Miró de s'affranchir de la ''peinture de chevalet'' pour lui donner une portée plus sociale et transcendantale, dans l'objectif de la rendre accessible ''aux masses humaines''.

Atelier de Miró à Palma de Majorque

On est en 1956, Joan Miró, le Barcelonais, après une expérience auprès de l'avant garde parisienne dans les années vingt et le développement de sa peinture avec la série des ''Constellations'', revient à Palma de Majorque dans un grand atelier moderne créé spécialement pour lui par son ami architecte Josep Lluis Sert. Miró commence alors son autocritique et entreprend des collections d'objets poétiques et la réalisation des premiers grands triptyques monochromes.

L'idée du Bleu n'est pas nouvelle, déjà en 1925 dans une œuvre intitulée ''Photo: ceci est la couleur de mes rêves'', il associe à cette couleur une portée très symbolique, mystique.

''Photo: Ceci est la couleur de mes rêves'', Joan Miró, 1925, MET, New-York

Pour élaborer cette œuvre en trois dimensions, il se nourrira de son voyage aux états Unis pour le goût de l'expressionnisme abstrait et de son attrait pour le Japon avec la calligraphie orientale et la pensée des grands maîtres à penser bouddhistes. Il recherche en premier lieu la concentration pour imprégner ce grand espace.

« J’ai mis beaucoup de temps à les faire. Pas à les peindre, mais à les méditer. Il m’a fallu un énorme effort, une très grande tension intérieure, pour arriver à un dépouillement voulu. L’étape préliminaire était d’ordre intellectuel… C’était comme avant la célébration d’un rite religieux, oui, comme une entrée dans les ordres. '' (dans Rosamond Bernier, « Propos de Joan Miró », L’Œil, n° 79-80, juillet-août 1961, p. 18)

De ce rituel est ressorti une construction métaphysique, poétiquement racontée par son petit fils, Joan Punyet Miró, basée sur la recherche spirituelle du peintre qui retranscrirait ''l'espoir dans l'expérience de solitude de l'existence de chacun, à travers trois actes de pensée : partant du cosmos, continuant avec la rupture de l'infini par la mort et s'achevant avec l'espoir de la ligne de vie qui devient étoile dans la constellation de l'Univers''.

Lien vers l'exposition virtuelle.

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