Apprendre

"L'homme de Vitruve", dessin de Léonard de Vinci, circa 1490

''Les mâchoires de mon esprit sont en mouvement perpétuel'' disait Dali, qui a été inspiré par Léonard De Vinci, grand peintre de la Renaissance et inventeur de génie, mû par le savoir et la connaissance.

Dans une série d'articles sur le thème de la résilience (je reviens sur cette notion un peu plus loin) en temps de pandémie, le New-York Times a livré un article très intéressant le 2 septembre 2020 écrit par Kerry Hannon, intitulé : ''To Build Emotional Strength, Expand your Brain''(pour construire ta force émotionnelle, développe ton esprit) centré sur le désir d'apprendre pour surmonter les crises de la vie.

On y apprend que depuis le début de l'épidémie de la covid-19, Mme Williams-Byers, juge en Ohio, a commencé des cours en ligne de langage des signes et un séminaire en ligne sur la main d'oeuvre illégale aux Etats-Unis. Depuis quelques années, elle prend des cours d'équitation et participe à de nombreux cours et ateliers n'ayant aucun rapport avec son activité professionnelle. Son unique but est d'élargir ses connaissances sur des sujets très variés qui attisent sa curiosité. Celle-ci est convaincue qu'apprendre l'aide à rester concentrée, qu'en élargissant ses connaissances elle acquiert de l'assurance et que sa faculté à surmonter les vagues de la vie s'en trouve accrue.

"Wave of Kanagawa", Hokusai

L'article revient sur cette compétence : ''apprendre'', qui a été mise en avant par de nombreux experts, auteurs et coachs, comme étant le facteur clé de la construction d'une force émotionnelle pour traverser des périodes difficiles. Cela sous-tend que s'engager à se changer soi-même aide à embrasser les changements de la vie. Qu'apprendre ou se perfectionner dans un domaine peut nous aider plus tard dans un domaine différent et que ce processus lui même, nourrit notre flexibilité psychologique.

Cela suppose de se diriger vers ce qui nous intéresse ou nous passionne. Cette attitude implique d'une part l'acceptation d'être confronté à des sujets que l'on ne maîtrise pas et de se sentir parois ''inadapté'' et d'autre part de la détermination pour persévérer dans l'apprentissage en gardant un ''esprit étudiant'' et de la curiosité.

En effet, ceux qui s'engagent régulièrement à apprendre deviennent plus confiants dans leur capacité à traverser des situations critiques quand la crise est à son paroxysme. Selon Beverly Jones, coach en carrière, quand ces personnes font face à une crise, au lieu de se retrouver bloquées, elles enclenchent rapidement un processus qui leur permet de déterminer ce qu'elles doivent apprendre pour ''franchir un précipice''. Apprendre quelque chose de nouveau entraîne un état d'esprit positif favorable à l'action.

Bien sûr, l'apprentissage n'est pas forcément académique. Comme le précise l'auteur de l'article, les gens peuvent apprendre de manière différentes, à travers des conversations, des cours en lignes, par la lecture d'un livre ou le visionnage d'un documentaire.

Bien entendu l'apprentissage n'est qu'un moyen de mettre en marche notre processus de résilience. Mais finalement qu'entendons nous par résilience ?

Art Japonais du "Kintsugi"

Ce processus de résilience a été introduit par le psychologue Georges Bonanno. Il a défini cette notion en 2004 comme la capacité à maintenir un fonctionnement physique et psychologique sain et relativement stable après un évènement traumatisant ou présentant un risque vital. Il a montré que cette capacité ne siginifiait pas l'absence de troubles psyhopathologiques et pouvait s'acquérir de manières très variées.

En France, Boris Cyrulnik a rendu médiatique cette notion. Selon lui, il s'agit d'un processus qui permet à l'individu de reprendre son développement après un traumatisme. La trace traumatique reste présente mais la personne continue de se développer différemment. Il assimile le processus à une transformation.

Mais depuis quelques années, les psychologues internationaux vont plus loin que la résilience et parlent de croissance post-traumatique. Ils se basent sur des études montrant les bienfaits psychologiques développés par de nombreux participants suite à un traumatisme. Bien entendu personne ne souhaite vivre un évènement traumatique pour apprendre mais il a été prouvé qu'en plus de mener à un développement différent cela pouvait amener l'individu à se réorganiser entièrement, ouvrant la voie à la créativité et à une croissance psychique.

Dans le numéro de Cerveau & Psycho du mois de novembre 2020, Nelly Goutaudier, psychologue, indique ''L'individu qui traverse ce processus progresse en devenant une personne qui se réalise davantage et vit différemment, en réorganisant sa vision du monde, et son attitude vis à vis de ce qui l'entoure, à la lumière de l'évènement traumatisant.''

Elle regrette que ce concept soit encore trop peu connu en France alors qu'il est développé depuis les années 1990 aux Etats-Unis. Il pourrait aider les personnes qui souffrent à la suite d'un traumatisme lié à un évènement personnel ou à cause du contexte actuel. Cela ouvre de nouvelles perspectives.

Dernièrement, je me suis par exemple lancée dans des cours d'histoire de l'art en ligne, avec les Mooc du centre Pompidou. Une façon de continuer à apprendre !

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